Voici une chose que je trouve pertinente de la part d'un média Français de grande échelle !!
NOUVELOBS.COM | 24.08.04 | 17:51
Pour une "légalisation
encadrée" du cannabis
Laurent Joffrin
est directeur de la rédaction
du Nouvel Observateur
FAUT-IL poursuivre dans lhypocrisie? La France continue dinterdire en principe ce quelle accepte en réalité: la consommation de marijuana, de haschich et autres dérivés du cannabis. Des millions de Français, jeunes et moins jeunes, consomment couramment du cannabis, souvent au vu et au su de tout un chacun. La police les laisse faire et se contente de pourchasser souvent assez mollement les trafiquants. Ainsi cet acte prohibé par la loi ne lest plus par la police et la justice.
On dira quon ne sort de lambiguïté quà son détriment et quune légalisation officielle aurait linconvénient de lever linterdit moral qui continue de peser, aux yeux dune partie de lopinion, sur ces substances. Recevant ainsi la bénédiction implicite du législateur, la consommation de "drogues douces" pourrait croître soudain dans des proportions considérables.
Mais on sait aussi que ces fumées ne sont pas toxiques, sauf à dose très élevée, quelles ne présentent aucun risque daddiction physiologique et que les véritables problèmes daccoutumance et de santé publique sont ailleurs : dans lexcès dalcool, de médicaments ou dans la dissémination des "drogues dures".
On dira encore quil nest point besoin de rajouter une toxicomanie nouvelle, même bénigne, à celles qui existent. Certes, mais on néglige leffet pervers de linterdiction. En accroissant le prix de vente du haschich et de la marijuana, la prohibition fournit aux trafiquants une source de profits abondants. Les réseaux de dealers sont en fait contrôlés la plupart du temps par des criminels brutaux et actifs, qui cherchent sans cesse à gagner de nouveaux consommateurs. Les lycéens ou les collégiens désireux de se procurer du cannabis doivent la plupart du temps sadresser à des dealers, cest-à-dire entrer en contact avec cette pègre nouvelle, avec tous les dangers que cela comporte.
Personne, évidemment, ne contrôle la qualité des produits proposés.
Dans ces conditions, une légalisation encadrée, avec des points de vente connus et contrôlés, apparaît comme une bien meilleure solution. Au lieu dêtre encadrée par des gangsters, la consommation le serait par quelques professionnels soumis à contrôle, ce qui constituerait tout de même un progrès. Bien sûr, la chose mérite discussion. Au sein du Nouvel Observateur les opinions divergent et plusieurs fois nous avons fait état de ces interrogations. Aujourdhui la France est mûre pour le débat. Ouvrons-le
L.J.
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